Liam McIlvanney. Trad. de l'anglais
Métaillié Noir, 346 pages, 20€
Dans Les couleurs de la ville (Métaillié, 2010), nous avions fait la connaissance de Gerry Conway, journaliste au Glasgow Tribune, dont une enquête un peu trop dérangeante sur la mafia locale avait provoqué le renvoi. Trois ans plus tard, Gerry réintègre l'équipe du journal dans le service politique, son ancien poste aux affaires criminelles étant désormais aux mains de Martin Moir, un jeune journaliste qu'il a lui-même formé. En trois ans les choses ont bien changées à Glasgow et dans le monde de la presse. Les journaux sont en perte de vitesse face aux nouveaux médias tels que les blogs, les sites internet d'actualités instantanées, les tweets. Le Glasgow Tribune a été racheté par un groupe américain et les licenciements se multiplient. Lorsqu'un jeune homme est abattu dans un parc, en pleine partie de football, les journalistes se pressent pour obtenir le scoop. Mais Martin Moir est aux abonnés absents et Gerry Conway est envoyé pour couvrir l'affaire. Qui a tué cet espoir du football en pleine rue ? Où est passé le jeune Moir ?Faut-il craindre une nouvelle guerre des gangs à Glasgow ? Alors que la ville est en pleine transformation afin d'accueillir les Jeux du Commonwealth et que l'Ecosse est secouée par un débat houleux autour du référendum sur l'indépendance, Gerry Conway va devoir se replonger dans les bas-fonds de Glasgow. Un polar où la politique, la mafia, la corruption, la course à l'info tissent une toile serrée bien difficile à dénouer.
Benjamin Whitmar, trad. de l'américain
Gallmeister, 318 pp., 16€50
Nous sommes tous la somme de nos pertes [...]Rien ne s'arrête, rien ne se soigne. Et ça me va bien comme ça
Patterson Wells a perdu son fils. A la dérive, il boit pour l'oublier mais la page est impossible à tourner. Même dans sa cabane où il tente de retrouver la sérénité, l'image de son fils ne le quitte pas. Quand il rencontrera le fils de son voisin, une nouvelle amitié naitra et l'entrainera dans une spirale de violence.
Les éditions Gallmeister inaugure avec ce roman une nouvelle collection "Neo Noir". Un texte bien construit, bien écrit et qui vous prendra aux tripes.
Meg Wolitzer. Trad. de l'américain.
Rue Fromentin, 564 pages, 23 €
Les six héros de ce livre se rencontrent, adolescents, dans un camp de vacances artistique pour jeunes New-yorkais de bonne famille. Ils se jurent une amitié sans faille et se baptisent "les intéressants", un peu par dérision mais aussi avec le bel aplomb de la jeunesse, sans vraiment savoir quel est leur talent ni ce que l'avenir leur réserve. Julie ne vient pas de ce milieu favorisé, c'est elle qui racontera pendant plus de quarante ans les routes différentes qu'emprunteront ses amis.
Avec en toile de fond les changements qui traversent l'Amérique, cette grande saga de l'amitié décrit avec ironie et intelligence la perte des illusions, le passage à l'âge adulte, la jalousie, les regrets, l'amour,...A lire d'une traite
Francesca Melandri.Trad. de l'italien.
Gallimard, 202 pages, 17.90€
Sur une île au large de l'Italie, dans les années 70, années de plomb marquése par l'action des Brigades Rouges, deux personnes prennent le ferry pour se rendre sur une île qui est une prison de haute sécurité. Paolo, un professeur de philosophie, vient rendre visite à son fils condamné pour terrorisme; Luisa, qui a dû élever seule ses enfants et tenir la ferme familiale, vient voir son mari, un détenu extrêmement violent. Pour cause de tempête, ils ne peuvent reprendre le bâteau et rejoindre la terre ferme. Les familles étant aussi suspectes que les prisonniers, Paolo et Luisa passeront la nuit sur l'ïle, sous la surveillance d'un maton, lui aussi rongé par la dureté qui règne en ces lieux. Au cours de cet étrange huis-clos, ces 3 personnes victimes de la violence qui a bouleversé leur vie vont redécouvrir, par de simples gestes, des bribes de conversation, ce que douceur veut dire.
Ce livre subtil, magnifiquement écrit, est un de nos plus gros coups de coeur. (Par l'auteur du très beau Eva dort)