Sebastian Barry. Trad. de l'anglais
Joëlle Losfeld, 256 pages, 19.50€
Qui est réellement Jack McNulty ? Lui-même a du mal à se définir et se voit comme un "homme provisoire" à l'image des différentes étapes de sa vie. En 1957, de retour au Ghana où, jeunes mariés, lui et sa femme ont sans doute passé les meilleures années de leur vie, Jack tente de faire le point sur son parcours et entrepend de rédiger ses mémoires. Mais comment parler de sa propre vie, de ses choix, de ses erreurs? Jack est-il un homme courageux qui, après avoir servi dans l'armée britannique durant la Seconde Guerre Mondiale, sillonera l'Irlande, l'Angleterre et ses colonies à la recherche d'un emploi lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille ? Ou, au contraire, un homme lâche qui, après avoir dilapidé ses économies dans le jeu et la boisson, a abandonné à leurs sorts ses deux petites filles, incapable d'affronter lui-même la nature dépressive et alcoolique de sa femme ?
Sebastian Barry décrit le parcours d'un homme pris entre ses démons et ses aspirations.
Craig Davidson (Trad. de l'anglais)
Albin Michel, 485 pages, 25.70€
Owen Stuckey et Duncan Diggs sont amis depuis l'enfance. Ils grandissent à quelques rues l'un de l'autre, à Cataract City, petite ville frontalière près des chutes du Niagara. Ils partagent la même passion pour le catch et réalisent leur rêve en rencontrant leur idole. Mais cette journée tourne au désastre et les deux garçons s'éloignent peu à peu.
Pourtant leurs chemins ne cesseront de se croiser car dans cette cité en déclin où les perspectives d'avenir sont minces, les destins semblent tout tracés. Owen voit ses rêves de départ s'effondrer lorsqu'une blessure au genou met fin à sa carrière de basketteur. Duncan intègre un temps la fabrique de biscuits avant de se retrouver au chômage et de vivre de petites combines qui l'entraînent vers de mauvaises fréquentations. Lorsque Duncan, après huit années passées derrière les barreaux, est enfin libéré, c'est Owen, devenu policier, qu'il appelle en premier.
Un roman sombre et puissant, par l'auteur du recueil de nouvelles Un goût de rouille et d'os, adapté au cinéma par Jacques Audiard.
David Foenkinos
Gallimard, 221 pages, 18.50 €
Depuis longtemps, David Foenkinos voulait écrire un livre sur Charlotte Salomon sans parvenir à trouver la forme appropriée pour exprimer sa fascination pour cette artiste dont l'oeuvre lui avait causé un véritable choc.. C'est chose faite avec ce long poème narratif qui retrace l'existence marquée par la tragédie de cette jeune femme.
Née à Berlin dans une famille juive non pratiquante, Charlotte a une enfance tôt marquée par le deuil, le suicide et le poids du secret familial. Son tempérament artistique se manifeste tôt et de manière forte. Elle pourra suivre des cours de dessin à l'Académie mais la montée en puissance du nazisme l'oblige à fuir l'Allemagne pour la Côte d'Azur. C'est là qu'elle créera son oeuvre, une autobiographie mêlant peinture et texte, avant d'être rattrapée par le destin et de finir ses jours à Auschwitz à 26 ans, enceinte.
L'auteur lui rend un magnifique hommage.
Arnaud Delrue.
Seuil, 16€.
Claire, la soeur du narrateur, est morte. De quoi? Le lecteur l'ignore. Après les funérailles, la vie semble reprendre son cours normal dans le petit noyau familial constitué de la mère, de Marie, la petite soeur et de l'oncle Paul. Normal? En apparence seulement car petit à petit le narrateur laisse échapper quelques éléments assez étranges qui sèment le doute. La tension et le malaise s'installent. Qu'est ce qui "cloche" exactement dans cette famille?
Un premier roman tout à fait étonnant, à l'écriture très maitrisée, et qui vous laisse sans voix.