Céline Minard
Édi. Rivages, 192 pages, 18€
Une femme décide de se retirer dans la montagne. Elle se fait construire un logement high-tech à flanc de paroi. Tout est prévu : les panneaux solaires, l’approvisionnement en eau, la nourriture en sachet, les nombreuses bouteilles d’alcool et la place du potager. Hors du monde des hommes, dans la plus pure solitude, elle explore jour après jour son territoire montagneux, fait face à l’hostilité des éléments. Mais un jour, elle rencontre l’Autre...
Réflexion sur la vie et ce qu’implique les relations humaines, Le grand jeu de Céline Minard est un livre exigeant par son épure qui déploie un vocabulaire précis et riche ainsi qu’un sens du rythme tout particulier. Une expérience!
David Treuer. Trad. de l'anglais
Albin Michel, 316 pages, 24.70€
Au mois d'août 1942, Emma Washburn s'active dans sa propriété d'été, Les Pins. Cette vaste demeure du Minnesota est la maison de vacances de la famille depuis plus de dix ans. Chaque printemps Emma quitte Chicago avec son fils Franckie pour la fraîcheur des Pins. Elle y retrouve Felix, le vieil indien qui veille sur le domaine quand la famille est absente, mais aussi Billy, le jeune métis qui lui prête main forte et les filles indiennes qui s'occupent de la cuisine et du linge. Franckie, garçon plutôt chétif et réservé, s'épanouit chaque année un peu plus au grand air et entretient avec le jeune Billy une amitié profonde.
Pourtant cette année est particulière, Franckie, jeune diplômé de Princeton, n'est plus le petit garçon qu'elle devait couver. C'est un jeune homme qui s'apprête à rejoindre l'armée de l'air et à combattre en Europe. Dans cette contrée sauvage, la guerre parait si lointaine mais aussi si proche depuis qu'un camp de prisonniers allemands a été installé de l'autre côté de la rivière. Emma veut que ces derniers jours passés tous ensemble soient inoubliables. Elle ouspille les jeunes indiennes et donne ses ordres à Felix tout en essayant de motiver son mari à se joindre aux préparatifs. Mais la journée est perturbée par l'évasion d'un prisonnier allemand. Franckie, ses amis Dave et Ernie, mais aussi Billy et le vieux Felix décident de se lancer à la poursuite du fugitif. Ils ne se doutent pas que cette chasse à l'homme se terminera de manière tragique et marquera à jamais leur existence.
Un roman puissant, maginfique, passionnant. À lire absolument !
Tonino Benacquista
Gallimard, 240 pp., 19€
Ils sont deux, un homme, une femme, en cavale. Un soir, ils décident de s'arrêter, Les mariés malgré eux de Charles Knight se joue en ville, ils ne rateront pas cette représentation. La pièce met en scène des amants aussi admirés que maudits pour oser défier l'entendement des hommes au nom de leur passion. Reconnus dans la foule, le couple de Français devient les #runninglovers, ceux qui filent vers le Nord sans nous dévoiler ce qui les a mis au ban de la société et au coeur des attentions. Échappés de la scène, le couple de Knight a été séparé par une volonté divinie, ils parcourent des continents et bravent toutes les épreuves pour se rejoindre et s'aimer encore.
Dans ce roman, Tonino Benacquista se dévoile plus tendre et plus profond que dans certains de ses titres passés (mais surtout ne boudez pas votre plaisir de découvrir Saga ou Malavita). Dans ce double road-trip improbable, il interroge l'amour, la passion, les coutumes, la création, la foi, etc. Bref, il interroge l'Homme avec autant de péripéties que de justesse.
Jean-Paul Dubois
L'Olivier, 234 pages, 19€
Le nouveau roman de Jean-Paul Dubois met en scène un héros atypique, Paul Katrakilis. Ce jeune français a quitté son pays pour tenter l'aventure en Floride. Loin du cabinet provincial de son père, Paul, lui-même diplômé en médécine, a opté pour une carrière bien plus insolite. Sous le soleil de Miami il est joueur professionnel de cesta punta, une variante de la pelote basque. Les matchs s'enchaînent dans le plus grand Jaï-alaï de la ville. Les spectateurs misent des sommes folles sur leurs joueurs fétiches. Son quotidien est fait de sueur, de douleurs, mais aussi de rencontres avec d'autres sportifs en quête de reconnaissance et surtout d'argent.
Pourtant cette vie qu'il s'était créé, le plus loin possible de sa famille, bacsule le jour où le consulat de France lui apprend le décès de son père. Cela faisait plusieurs années que les deux hommes ne s'étaient pas parlé. Paul avait tiré un trait sur cette famille étrange : un grand-père russe réfugié en France, une mère au comportement ambigu avec son propre frère, un père médecin, taiseux et insensible. Tous se sont suicidés de manière spectaculaire. Son père n'a donc pas échappé à la règle. Paul rentre en France pour liquider les affaires de son père, bien décidé à rejoindre au plus vite le soleil de Floride. Mais c'est sans compter sur le poids du passé et la force du destin. Il est, en effet, bien difficile d'échapper à un héritage familial. Paul va plonger au coeur de l'histoire de sa famille et découvrir des facettes de la personnalité de son père qu'il ne soupçonnait pas. La succession n'est peut-être pas le meilleur roman de Jean-Paul Dubois, mais on se laisse séduire par le personnage de Paul Katrakilis et par son obstination à vaincre la malédiction familiale.