Robert Goddard, Trad. de l'anglais
Sonatine, 427 pages, 24.95€
Robert Goddard est passé maître dans l'art de la manipulation et du rebondissement inattendu. Avec Le Retour, voici ce talent à nouveau confirmé. De bout en bout, l'auteur nous entraîne de fausses pistes en cul-de-sac, avec une aisance déconcertante. Tout commence en 1981, lorsque Chris Napier assiste au mariage de sa nièce. La noce ne se déroule pas n'importe où. L'hôtel luxueux dirigé par la soeur de Chris et son mari occupe le domaine familial, celui-là même où Chris a grandi, là où, enfant, il passait tout son temps avec son meilleur ami Nicky. Alors que la fête bat son plein, Chris aperçoit un homme à l'air désorienté, errant dans le jardin. Cet homme, c'est Nicky, dont il est sans nouvelle depuis des années. Visiblement perturbé, Nick tient des propos incohérents avant d'être chassé du domaine par les vigiles. Le lendemain on le retrouve pendu au bout d'une corde, il s'est suicidé.
Et si tout commencait en fait en 1947? Lorsque le domaine appartenait encore au grand oncle de Chris et que Nick y vivait avec ses parents et sa grand-mère. Au temps où la fortune du vieil homme semblait promise au père de Nick et non pas à celui de Chris. Et si tout commencait la nuit où le Grand Oncle fut assassiné, le père de Nick déclaré coupable, puis pendu et Nick banni du domaine. Contre l'avis de sa famille, Chris décide de plonger dans le passé, mais il n'est jamais bon de remuer les vieilles affaires.
Joanna Smith Rakoff, Trad. de l'anglais
Albin Michel, 357 pages, 23.45€
Dans ce récit autobiographique, Joanna Smith Rakoff revient sur sa première expérience professionnelle dans l'édition. Fin des années 1990, toute jeune diplomée en lettres, Joanna cherche à se faire une place dans le milieu littéraire newyorkais. Autant dire que la tâche n'est pas facile car nombreux sont les jeunes aspirants écrivains prêts à tout pour pénétrer au coeur des grandes maisons d'édition. Ainsi, lorsque quelques jours avant Noël, elle décroche un poste d'assistante dans une société d'agents littéraires, Joanna n'en croit pas ses oreilles. Le poste se révèle vite n'être qu'une place de secrétaire au service d'une vieille dame hostile à toutes nouveautés technologiques.
C'est donc sur des fiches, à l'aide d'une vieille machine à écrire et d'un dictaphone préhistorique, que Joanna rédige le courrier. L'un des clients de l'agence, que tout le monde appelle Jerry, semble bénéficier d'un traitement particulier. Très vite Joanna découvre qu'il s'agit de JD Salinger et que c'est elle qui sera en charge de son courrier ! Mais cette occupation ne sera pas de tout repos. Avec beaucoup de naturel et d'énergie, Joanna Smith Rakoff nous fait découvrir de l'intérieur le monde de l'édition ainsi que les aspirations d'une jeune femme dans le New York bouillonnant des années 90.
Sebastian Barry. Trad. de l'anglais
Joëlle Losfeld, 256 pages, 19.50€
Qui est réellement Jack McNulty ? Lui-même a du mal à se définir et se voit comme un "homme provisoire" à l'image des différentes étapes de sa vie. En 1957, de retour au Ghana où, jeunes mariés, lui et sa femme ont sans doute passé les meilleures années de leur vie, Jack tente de faire le point sur son parcours et entrepend de rédiger ses mémoires. Mais comment parler de sa propre vie, de ses choix, de ses erreurs? Jack est-il un homme courageux qui, après avoir servi dans l'armée britannique durant la Seconde Guerre Mondiale, sillonera l'Irlande, l'Angleterre et ses colonies à la recherche d'un emploi lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille ? Ou, au contraire, un homme lâche qui, après avoir dilapidé ses économies dans le jeu et la boisson, a abandonné à leurs sorts ses deux petites filles, incapable d'affronter lui-même la nature dépressive et alcoolique de sa femme ?
Sebastian Barry décrit le parcours d'un homme pris entre ses démons et ses aspirations.
Craig Davidson (Trad. de l'anglais)
Albin Michel, 485 pages, 25.70€
Owen Stuckey et Duncan Diggs sont amis depuis l'enfance. Ils grandissent à quelques rues l'un de l'autre, à Cataract City, petite ville frontalière près des chutes du Niagara. Ils partagent la même passion pour le catch et réalisent leur rêve en rencontrant leur idole. Mais cette journée tourne au désastre et les deux garçons s'éloignent peu à peu.
Pourtant leurs chemins ne cesseront de se croiser car dans cette cité en déclin où les perspectives d'avenir sont minces, les destins semblent tout tracés. Owen voit ses rêves de départ s'effondrer lorsqu'une blessure au genou met fin à sa carrière de basketteur. Duncan intègre un temps la fabrique de biscuits avant de se retrouver au chômage et de vivre de petites combines qui l'entraînent vers de mauvaises fréquentations. Lorsque Duncan, après huit années passées derrière les barreaux, est enfin libéré, c'est Owen, devenu policier, qu'il appelle en premier.
Un roman sombre et puissant, par l'auteur du recueil de nouvelles Un goût de rouille et d'os, adapté au cinéma par Jacques Audiard.