La mégalopole, une histoire à lire à la verticale, Cléa Dieudonné, L’agrume, 16 euros.
Vous cherchez un album atypique et déjanté ? Ne cherchez plus : « La mégalopole » répond à tous ces critères, autant au point de vue du format que du contenu ! Telle un énorme accordéon, cette histoire se déplie sur trois mètres de long ! A chaque fois qu’on déploie un morceau, on découvre une partie de l’illustration et la suite du texte : tout commence alors que l’ambassadeur d’une autre galaxie est dépêché dans la mégalopole afin d’établir des relations diplomatiques. Heureux de sa visite, les habitants lui font visiter la ville, que l’on découvre en même temps que lui, à mesure que l’on déploie les pages… Des illustrations drolatiques et une histoire décalée, de quoi captiver les petits dès trois-quatre ans !
J’aime pas les clowns, Rémi Courgeon et Vincent Cuvellier, Gallimard jeunesse, 13.5 euros.
Destiné aux enfants à partir de cinq-six ans, cet album magnifique nous expose avec humour et tendresse un sujet bien plus grave que celui du cirque. « J’aime pas les clowns ! », s’indigne notre petit héros alors que sa grand-mère l’emmène au cirque. Il n’en faut pas plus à la mamie pour raconter sa propre expérience des clowns, alors que la guerre 40-45 terminait tout juste en Allemagne, où se passe l’histoire. Un récit absolument émouvant et des personnages très attachants pour aborder une thématique sensible et faire entrevoir la difficulté de la séparation de personnes qui s’aiment. Mais leurs retrouvailles n’en sont que meilleures évidemment… Superbe !
Notre camping-car !, M. Arnal, Ecole des Loisirs, 12.2 euros
Et voici un album qui commence à sentir les vacances et les voyages ! Une petite bouffée d’oxygène pour nous rappeler que le beau temps n’est pas loin ! Papi vient chercher notre héroïne pour un superbe voyage en camping-car ! Tous les deux, ils vont aller voir la mer et ce sera mémorable : une véritable aventure inter-génération ! Malheureusement, il faudra composer avec la météo, qui leur fera changer tous les plans. De la tendresse, des illustrations très douces aux couleurs acidulées, un vrai régal de lecture à partir de quatre ans !
Jane, le renard et moi, I. Arsenault et F. Britt, éd. La pastèque
En ce début de printemps, nous vous proposons un petit retour en arrière, en 2012 quand nous avions été charmés par une BD pas comme les autres. Jane, le renard et moi d’Isabelle Arsenault relève autant du roman graphique que de la bande dessinée classique. Le texte est signé par la poétesse Fanny Britt (que l’on retrouve à la traduction du très chouette Les affreux chandails de Lester). Diplômée en 2001 en design graphique à Montréal, Isabelle Arsenault a toujours travaillé dans l’illustration. Lors de la publication de Jane, elle explique qu’elle n’avait aucune attente quant à sa réception. Considérant que c’était une œuvre hybride, ni réellement enfantine, ni totalement adulte, elle fut agréablement surprise de constater le succès de l’album auprès des jeunes et des moins jeunes.
C’est sans doute là que réside toute la force de l’œuvre : deux niveaux de lecture. La première constitue une lecture littérale, facile d’accès pour les enfants dès 10-11 ans. Hélène, l’héroïne, est victime d’harcèlement à l’école. Dans le bus, pour éviter de croiser le regard des autres et se donner une contenance, elle se cache derrière Jane Eyre. Concentrée, elle admire la force de vivre de cette femme. C’est là qu’intervient le deuxième niveau de lecture. Une lecture poétique et sensible qui revisite le classique de Charlotte Brontë. Les dessins, en noir et blanc pour Hélène, se teintent d’orange vif ou de vert pomme lorsqu’intervient la courageuse institutrice. Elle alterne ainsi entre finesse et fausse naïveté. Une prochaine collaboration avec Fanny Britt est en cours de réalisation et devrait paraître d’ici deux ans. Nous restons convaincus qu’un aussi beau trait de crayon séduira un large public, quelle que soit sa lecture.